Un point sur Charlie.

Putain, c’est pas possible.

C’est pas vrai. C’est quoi ce délire ? On est en France, à Paris, dans le 11ème arrondissement, c’est pas juste possible. C’est forcément une erreur d’I>Tele, c’est un mort, un blessé grave seulement, peut-être, ils se sont gourés, ils ont rajouté un zéro dans la précipitation, c’est obligé… !

C’était pas une erreur d’I>Télé, finalement.

Ce que ça fait mal, putain. Depuis mercredi, j’ai l’impression de flotter entre sidération, tristesse, colère et rage.

Je ne lisais pas Charlie, hein. Comme 95% de la population, j’avoue que, l’un dans l’autre, et globalement, c’était pas ma came. C’est pas que j’étais particulièrement imperméable à leur humour, non, mais juste pas fan au point de dépenser 3 euros hebdomadaires pour ça. J’ai du l’acheter une fois ou deux, en fait, à peut prêt autant que le Figaro (ne me jugez pas : il y a des coins à la campagne où on ne trouve même pas le Monde). Comme tout le monde, j’étais satisfait de savoir que, quelque part, virtuellement, il y avait quelqu’un qui se consacrait à dessiner toutes les conneries, toutes les vulgarités, toutes les bites et les nichons nécessaires à l’affirmation victorieuse d’une République des lumières gauloise, pendant que je me consacrait personnellement à des tâches plus intellectuellement relevées, comme la lecture de la Mare aux canard, page 2.

En gros, je les laissait mourir, de mort lente, certes, mais mourir quand même, sans m’en préoccuper plus que ça. Evidemment, c’était dommage : un journal qui meurt, c’est toujours une part de République qui s’en va. C’est pour ça que je n’ai pas affiché « Je suis Charlie » : j’aurais eu l’impression d’être hypocrite. Mais c’est purement personnel. Chacun exprime comme il lui sied sa peine et sa douleur, j’ai le plus grand respect pour ça.

Et puis, c’est vrai qu’en réalité, Cabu, pour moi, c’est le Canard, Tignous, c’est Marianne, et Bernard Maris, c’était France Inter. J’ai du mal à imaginer la matinale du vendredi matin sans lui et Dominique-Seux-des-Echos s’engueulant poliment sur l’intérêt des eurobonds, avant de tomber d’accord sur le dos des fonctionnaires trop nombreux. Charb, Wolinski, Honoré, Elsa Cayat, les deux policiers, l’homme qui faisait l’entretien, je ne les connaissais pas plus que ça, franchement, mais je pleure quand même leur mort. C’est trop con, partir comme ça, pour ça.

On a tué des innocents, mercredi. On a tué une innocente jeudi. On a tué des innocents vendredi. Des gens gentils, tous. Des pacifistes dans une salle de rédac, qui déconnaient, qui ne respectaient aucune idole hormis le rire, et qui aimaient tous d’autant plus leur prochain qu’ils le châtiait bien, chaque fois qu’il se comportait comme un gros con, le prochain, à coup de dessins qui avaient la cruauté, la malice, et l’innocence de Candide. Prétendre que Charlie Hebdo était réactionnaire, comme peuvent le faire certains petits marquis de la rébellion certifiée 100% de gôche, est une insulte à tout ce que pouvait bien être Charlie, et un aveu d’ignorance. Leurs dessins étaient affreux, sales, bêtes et méchants, tant qu’on veut, choquant, si on le voulait, mais racistes ? homophobes ? d’extrême-droite ? Je ne le pense pas. [Cela étant, je n’ose crier « jamais », car n’expérimentant pas moi-même le racisme au quotidien, je ne peux pas totalement être bon juge de la question].

On a tué des gens parce qu’ils faisaient leurs courses. Leurs courses, bons dieux. Est-ce que c’est un monde, ça, que de risquer la mort pour avoir manqué de beurre dans son frigo ?

Tous ces morts au nom de quoi ? De la barbarie, du fascisme et de l’intolérance la plus crasse, de la haine la plus obscure, de la folie la plus noire, ça c’est sûr. La religion ? Un prétexte. J’avoue mon ignorance quant à l’existence d’une puissance transcendante quelconque, que ce soit Dieu, Allah, la Nature ou Rolf Kasparec, mais je doute que le cas échéant elle puisse se sentir flattée par ce genre d’adorateurs.

Ce qui me touche particulièrement, c’est de voir comment les Français ont été solidaires, spontanément, sans avoir besoin de mot d’ordre, ni des médias ni des politiques – mercredi, tout s’est fait sur les réseaux sociaux, et c’était une belle mobilisation. C’est dans ces moments là, si rares et précieux, qu’on se rappelle que la République n’appartient ni aux partis politiques ni aux institutions, qu’elle ne réside pas réellement dans la personne de MM. Hollande et Valls, mais qu’elle est la res publica, la chose publique, incarnée seulement dans le peuple assemblé – et combien belle était-elle, cette République, sur la place qui porte son nom, mercredi soir ! Oh, c’est une chose fugace, je le sais bien : aussitôt vue, aussitôt repartie. Mais quel cinglant démenti pour tous les pessimistes, tous les aigris, toutes les petites personnes, tous les Zemmour de droite et ceux de gauche, il y en a aussi, les nihilistes mous, qui voudraient tant que les Français soient un peuple de veaux, dévoré d’égoïsme minable et de petite haine raciste à deux francs. Comme eux.

Tranquillement, dignement, « le peuple » les a bien envoyé se faire voir.

Spontanément, c’est sa réaction de ces derniers jours qui nous montre la voie à suivre pour sortir dans la dignité du drame terrible que nous avons vécu : que la belle devise de la République ne doit pas rester une devise morte au fronton de nos mairies, mais que c’est à chacun de la faire vivre dans sa tête et dans son cœur.

Face à la haine, il faut répondre par la fraternité, face à l’ignorance, répondre par la compréhension, face à l’intolérance, répondre par la compassion.

C’est-à-dire qu’il faut refuser la tentation sécuritaire à l’Américaine : non, nous n’avons pas besoin de plus de policiers, de plus de gendarmes. Peu de pays dans le monde, je pense, peuvent se permettre de déployer 90.000 hommes pour capturer trois hommes. Il aura quand même fallu deux jours. Aucun supplément d’uniformes n’y changera rien. Nous n’avons pas besoin non plus de nouvelles lois répressives et sécuritaires, un Patriot Act à l’Américaine. Par pitié, nous valons mieux que Georges W. Bush !

C’est-à-dire aussi qu’il va falloir engager un débat citoyen d’ampleur sur la place que nous réservons aux citoyens d’origine musulmane en France, sur l’exclusion sociale et professionnelle dont souffrent les plus jeunes, les plus vulnérables, sur le racisme décomplexé que certaines élites politiques et médiatiques expriment avec la certitude de ne jamais être repris. Ainsi, Eric Zemmour peut-il dire, le plus naturellement du monde, que si les français d’origine musulmane vivent en groupe dans des citées à l’extérieur des villes, c’est pour mieux refuser le modèle républicain, mais oui ma bonne dame, et d’ailleurs, si le Maréchal a donné les juifs étrangers aux nazis c’est pour protéger les colonies françaises et nos juifs à nous, c’est bien connu. Et personne ne reprend Zemmour, à part Mélenchon par-ci, un chercheur par-là. Personne pour dire que s’ils sont là bas, ce n’est évidemment pas de leur faute, mais celle de la France. C’est l’Etat – et les propriétaires fonciers privés des centres-villes, et les gens qui ne veulent voulaient pas avoir « d’arabes dans le quartier, vous comprenez, avec ce qu’on dit » – qui a mis ces populations économiquement fragiles aux marges de la ville, comme toujours avec ces populations ! En 1860, dans les Misérables, Victor Hugo écrivait des pages proprement terrifiantes sur les Provencaux, les Auvergnats, les chemineaux « pleins de misère et de vice » (op. cit) qui rôdaient dans les faubourgs de Paris la nuit, en 1958, Louis Chevalier prouvait de manière éclatante (1) comment les conditions socio-économiques déterminent la délinquance dans les classes populaires, en 2014, les mêmes thèses naturalistes éculées nous sont servies comme si on avait rien appris depuis.

L’exclusion sociale, économique, politique d’une catégorie de citoyens se traduit par son exclusion géographique, aux marges de la ville, dans les citées. Aux marges de la société, dans l’abstention et le refus de participer aux élections. Aux marges de l’économie libérale, dans la petite délinquance. Petite délinquance qui les entraînera forcément à découvrir les bras accueillants de la République sous la forme d’une comparution immédiate à la 23ème chambre, suivie d’un séjour allant de six mois à deux ans (ou plus) dans une prison random, d’où il ressortira probablement nanti d’un riche carnet de cheiks. Faute d’un renouvellement de fond en comble de notre prise en compte de cette délinquance de l’exclusion et de la misère, ce n’est pas demain la veille qu’on arrêtera de craindre le bruit de la kalach.

Ah, et puis il ne faut pas écouter Marine Le Pen.

Et puis, j’aurais bien aimé que la manifestation de Paris du 11 ne se transforme pas en farce. On prétend faire (2) défiler les Français pour la liberté de la presse ? Vraiment ?

Derrière Nicolas Sarkozy, qui a fait espionner MM. Davet et Lhomme lors de l’affaire des fadettes ? Arrêté chez lui le rédacteur en chef de Libération pour cause d’article défavorable ? A fait pression sur son ami Bouygues pour avoir la tête de Patrick Poivre d’Avor, pour cause de lèse-taille de sa majesté ?

Derrière le représentant de l’état turc, célébré dans le monde entier pour sa pratique sévère mais juste de l’emprisonnement politique des journalistes un peu trop remuants ?

Derrière M. Orban, digne démocrate attaché aux valeurs de la République ?

Derrière le représentant des Emirats Arabes Unis, fameux pour leur liberté de la presse et leur pratique sensible de la tolérance religieuse ?

Moui, non merci, si c’est pour nous refaire le coup de la guerre à la Terreur, ça sera sans moi.

Amadev.

(1) Classes laborieuses, classes dangereuses, à Paris dans la première moitié du 19ème siècle, Louis Chevalier, 1958. Ouvrage de petite taille mais dense, il peut être utilisé avec profit contre l’éventuel oncle raciste* qui trouve que « Marine, quand même, elle dit pas que des conneries », aussi bien que contre le cousin d’extrême-gauche (il a une barbichette et un t-shirt Che Guevara) qui dit que « jamais une population n’a été aussi stigmatisée auparavant #étatfasciste #toussepourris ».

*Je n’ai pas d’oncle raciste, mais c’est le cliché convenu.

(2) déjà, ça commence mal.

Drame de Sivens : quelles leçons en tirer ?

Le tragique destin du jeune Rémi Fraisse, tombé sur le site du barrage de Sivens, dans le Tarn, éclaire sous un jour cruel l’incapacité des élites françaises à comprendre intellectuellement les aspirations et les inquiétudes d’une part non négligeable de la société française, telles qu’exprimées par le phénomène des « zones à défendre », les ZAD.

Une seule ZAD, Notre-Dame-des-Landes, c’était un événement, trois, un sujet. Quand on arrive à cinquante, comme actuellement, c’est un phénomène au sens hégélien du terme : nous sommes rendus face à la cristallisation d’un mouvement de fond, d’autant plus puissant qu’il semble apparaître soudain des limbes de l’internet (1), à la lueur brute des projecteurs médiatiques soudain braqués de nouveau sur cette partie de la France qui avance sur un chemin qui n’est pas d’asphalte.

Et cette lumière médiatique, d’autant plus puissante qu’on ne s’embarrasse pas de nuances sur un format de 2 »5, coco, simplifie-moi tout ça, éclaire d’autant plus cruellement les incroyables carences de la classe politique « de gouvernement » (c’est-à-dire, entendons-nous, ceux que le système politique bien particulier de la Cinquième autorise à gouverner) quant il faut penser, entendre, et encore plus répondre à la question des Zad.

C’est ainsi M. Carcenac, le président PS du CG du Tarn, répliquer en notable de province sûr de son bon droit et agacé de tout ces parisiens qui viennent lui chier dans les bottes depuis deux jours qu’il est « stupide et bête » de mourir pour des idées, oubliant au passage que Rémi n’était peut-être pas Enjolras – qu’il n’avait pas choisi de mourir, et qu’en France, en 2014, manifestant, fus-ce contre la police, il n’avait légitimement pas à le craindre.

C’est aussi cette terrifiante prestation à Ce Soir ou Jamais, où l’on sent, où l’on touche réellement à quel point ils ne comprennent pas. Mathieu Burnel parle bien, il dit des choses vraies, il dit des choses fortes, il dit des choses éventuellement contestables, mais l’aréopage en face de lui, qui représente grosso modo tout l’éventail de gens auto-référencés comme « sérieux », de la droite faussement pâté-pinard à la gauche PS, ne l’écoute pas, ne le comprend pas, ne réfléchi même pas à ce qui lui dit. C’est incroyable, vraiment : à peine a-t-il tant bien que mal fini son ardente argumentation, qu’on voit Corinne Lepage et Pascal Bruckner repartir exactement du même point qu’avant. Mais exactement ; comme si rien ne c’était produit. C’était le démarrage en côte de la pensée toute faite, on entendait littéralement grincer leurs vitesses intellectuelles pour revenir à l’allure normale, convenue, et totalement hors sujet du débat. En toute honnêteté,j’ai été absolument glacé par cette vidéo, et surtout par le vide, le néant absolu qu’exprimait ce ricanement de connivence et d’incompréhension qui échappait involontairement des personnes présentes.

Cependant, je ne suis pas certain de suivre Mathieu Burnel lorsqu’il dit que l’insurrection vient, qu’elle est là, même. J’incline d’ailleurs à penser que la révolution – la vraie, ce glaive flamboyant du peuple devant lequel tout plie – ne vient jamais quand on l’attend, encore moins quand on l’appelle. Et quand elle surgit, si elle surgit, c’est toujours pour des motifs qui lui sont propres, c’est une vague, un tsunami, qui balaie d’abord les « avants-gardes » autoproclamées et autres révolutionnaires à plein temps qui croient l’invoquer en jetant des pierres sur la police ; c’est là vaste plaisanterie.

Pour ce que vaut mon opinion, c’est-à-dire pas grand chose, je crois que nous sommes en réalité là en face d’un conflit de génération. Cela paraît peu, mais c’est vaste et profond. Pour autant, il reste circonscrit à ce que la France a pu connaître -et surmonter- précédemment ; chaque génération a ses lignes rouges, ses zones à défendre à elle ; en 1968, c’était l’écrasement du carcan moral conservateur au profit de l’idéal social libéral, en 2014, la ligne rouge, c’est notre mode de vie. Le refus profond, viscéral, qui anime cette résistance, c’est peut-être bien la prise de conscience que nous sommes dans un monde fini, aux ressources déterminées, et que ce que nous détruisons, nous ne le retrouveront plus, jamais. L’avantage, c’est que les révolutions avortent souvent, alors que les jeunes gagnent toujours les conflits de génération : ils n’ont souvent qu’a attendre un peu.

Ce qui est frappant, à mon sens, c’est de constater que tous ces mouvements, ces Zad, ne sont pas des épiphénomènes fugaces. Si on se penche sur le phénomène, on voit des installations qui à la fois très nouvelles dans la forme et très anciennes dans la fonction, qui remontent pour l’idéologie aux temps presque oubliés du socialisme, qui relèvent presque inconsciemment d’un idéal finalement très rousseauiste, et qui durent, en dépit de leur précarité, depuis plus de deux ans pour la majeure partie !

Quand on voit ça, on comprend qu’on ne peut pas être face à une poignée d’anarcho-dépressifs persuadés d’ouvrir le chemin à la grande révolution contre l’état fasciste ; ce discours gouvernemental (et largement repris médiatiquement, cf. le Monde) ne peut tenir face aux faits tangibles de cette mobilisation à l’échelle nationale : qu’on se rende compte : à quelques exceptions, les Zad semblent épouser le contours des « grands chantiers » du Sarkozysme keynésien, lancés en 2010 pour relancer la croissance, avec le succès que l’on sait. Ce n’est pas un hasard ; à mon sens, ce à quoi nous assistons actuellement, c’est à la prise de conscience diffuse, mais générale, que nous sommes à la croisée des chemins, à la séparations des eaux.

Ce qui est remarquable, c’est que les élites restent férocement accrochées au vieux modèle, productiviste, bâti en force et sans finesse, celui de l’homme maître et possesseur de la nature, celui de la croissance éternelle, infinie, qui seule valide et légitime le modèle en vigueur. On admirera d’ailleurs les paradoxes profonds de l’idéologie libérale et capitaliste, qui conspue l’État, mais cherche avidement son soutien au premier danger, qui vilipende la dette, mais vit à crédit à raison de deux planètes et demi par an, qui craint le peuple, qui le méprise, mais qui n’existe que par lui. Il est vrai que le libéralisme, le capitalisme disposent, en matière sociale, d’une remarquable plasticité ; c’est ce qui rend cette idéologie si efficace : qu’importe, au fond, ce que lui impose le peuple, tant qu’il consomme. D’où son incroyable résilience face aux crises sociétales. Pour autant, l’idée écologique est tellement en contradiction avec l’idée de croissance, de marge, qu’il me semble qu’un espoir puisse se nicher là, et, pour partie, demeurer dans les Zad…

Reste que du côté de nos dirigeants, cette prise de conscience est encore loin, le réflexe répressif immédiat : « mais qui sont ces hippies qui nous résistent ? ». Que la nature puisse être en elle-même un motif digne de préservation, une source de richesse, et, en définitive, la voie de notre prospérité future est une chose de plus en plus évidente pour nombre de la jeune génération, mais totalement incomprise par les représentants du pouvoir (quel que soit la forme du pouvoir). De là la crise actuelle.

Il est vrai que lorsque l’on a plus le temps de lire, on n’a plus celui de penser.

Amadev

(1) Tout le monde ne lit pas Reporterre, et tout le monde a bien tort.

Après « Massacre la poésie française » : « Saccage la musique de ton pays »

De briques en ruelles d’escaliers en caniveaux
De l’automne qui s’en va à l’hiver et ses glaçons
De tout ce que j’ai bu à ce que j’ai fumé
Je n’en finirai pas d’écrire ta chanson
Mon IEP !

Sous la grande pluie qui courbe nos existences
Des alcools du Poste à ceux du MacEwan’s
Quelque chose dans la bière à cette transparence
Et ce goût du bonheur qui rend ma soif plus grande
Mon IEP !

Cette bière de garde au-delà de notre Cité
Aux paliens étrangers donnaient le vertige
Dont aujourd’hui vous usurpez le prestige
Toujours il répond du nom de Vladimir Sierpe
Mon IEP !

Celui du vieil Hasting tonnant de son exil
Des étudiants de 5A trimant dans l’Usine
Celui qui paya de sa poche vos hermines
Celui dont M. Delepierre dit « Qu’on le fusille » !
Mon IEP !

Anaïs tient le monde Dubout de sa palette
Des pages de l’Apostrophes s’élèvent des colombes
Ils n’en finissent pas, tes journalistes prophètes,
De dire qu’il est temps que le néolibéralisme succombe !
Mon IEP !

Nos voix se multiplient pour n’en faire plus qu’une
Celui qui paye toujours vos 1ères classes, vos erreurs
En remplissant l’ANPE, le Pôle Emploi des communes,
Que je chante à jamais celui des étudiants de cette heure,
Mon IEP !

Celui qui ne possède en euros que ses nuits blanches
Pour la lutte obstinée les présentations les exposés
Du tract que l’on fait le soir, le dimanche au matin
A l’Affranchi qu’on colle au mur le lendemain,
Mon IEP

Qu’il remonte du bar qu’il sorte de l’Amphi !
Celui qui chante en nous, le rouge, le rebelle,
Il tient l’avenir entre ses mains de gauchiste,
Ceux de la première à la huitième chandelle
Mon IEP !

Des Roms, des fourches et de la bière…

Salut à toi, petit lecteur curieux ! Je reprend sur le TESGC dans quelques instants, mais d’abord, un petit apparté en mode « Euh, what il est le fuque ? » sur cette histoire de camps de Roms expulsés manu militari par les habitants d’une cité de Marseille. Bon, soyons franc, je reste prudent sur le sujet, essentiellement parce que l’information est à priori la même dépêche AFP qui tourne en rond sur les ondes depuis ce matin. Si je vais tâcher de ne pas verser dans un jugement moral apriori qui n’aurait aucun sens, je vais quand même, parce que je suis comme ça, chafouin, soulever une ou deux questions qui m’interpellent un peu sur les bords. D’abord, les habitants ont eux-même « expulsés« , « chassé« , « fais fuir« , voire « repoussé » les malheureux habitants d’un camp de Roms qui créchait du coté de leur cité, et auquel était imputé une dégradation visible des conditions d’hygiène et de vie dans le quartier, ainsi que de nombreux actes de petite délinquances, dont on imagine bien, pour des populations modestes à quel point cela peut être contraignant et dur à vivre. Outre cette expulsion à priori « pacifique », « les habitants » auraient benoîtement « mis le feu » au campement, une fois ses occupants enfuis. Euh, moi, je sais pas vous, mais quand j’y pense, c’est plus fort que moi : j’ai en tête l’image d’une foule de type « BURN THE WITCH!« , avec force fourches, torches enflammées et exclamations rurales mais bucoliques qui sort du village en gueulant.

Cela étant posé, les Roms sont partis, comme ça, azy, total respect man, parce qu’on leur a gentiment demandé ? Je veux bien croire qu’il s’agisse d’une population qui, dans son pays d’origine (la Roumanie) a l’habitude d’être mis au ban de la société, voire poursuivie par de sympathiques brigades néo-nazie qui prennent un malin plaisir à les tabasser ou à les tuer selon l’humeur du moment (et ce, avec la complicité plus ou moins grande des institution de l’État local, même si ni l’Onu ni Viviane Reding ne s’en offusquent autant que de l’intervention d’une demi-brigade de CRS en France, l’Europe est décidément bien faite) mais quand même… je m’interroge un peu sur la valeur donnée de « pacifisme » nécessaire. Sans préjugé des habitants, le contexte pourrait laisser penser par exemple à l’intervention d’une bande de dealers munie d’AK-47 débarquée de sa cage d’escalier par ras-le-bol de ces présences qui attiraient peut-être la police et nuisait à leur commerce. Et même, si on considère qu’il s’agit bien d’une association de riverains excédés, bons citoyens, et un peu portés sur la torche, qu’auraient-ils fait si, en réponse à leurs demande « pacifique », les roms avaient opposés un « niet » velu ? La situation se serait-elle réglée à coup de fourche dans la margoulette ou ils seraient tous rentré faire une partie de tarot en buvant du pastis (1) ?

Deuxième grosse question : la police était selon les premiers témoignage présente sur place. Elle n’est pas intervenue devant « la résorbtion amiable et pacifique du contentieux« , et n’a pas non plus trouver matière à agir, aucune infraction n’ayant été constatée selon elle. De la part d’un corps de métier qui fait une partie de son beurre grâce au fait qu’il n’est guère possible de ne commettre aucune infraction à aucune loi autrement qu’en restant 24h sur 24h enfermé dans une cave obscure (3), c’est assez surprenant. Je suis presque sûr qu’il n’est pas autorisé en France de faire un feu de joie avec les possessions matérielles d’autrui, fus-ce-t-il un Rom, et donc un citoyen (européen) de ixième zone. Je suis par contre certain qu’en aucun cas la loi française ne permet à une association de citoyen de prendre en main l’expulsion d’un groupe de Roms (ou de prendre en main toute pérogative du pouvoir judiciaire). Ce n’est pas parce que le juge rend une justice au nom du Peuple Français que le peuple français est autorisé à exercer le dit pouvoir judiciaire tout seul. Un peu comme le politicien. Il vote et gouverne au nom du Peuple Français, c’est pas pour autant qu’Hubert Dupont est autorisé à ouvrir son claque-merde en pleine assemblée nationale, il faut avoir été élu pour avoir ce privilège (4).

Je vais essayer de trouver ultérieurement les textes de loi qui régulent les procédures d’expulsions (je crois que le terme exact est « mesures d’éloignement », puisqu’on ne peut pas vraiment expulser un membre de l’Union Européenne et qu’expulsion à coup de pied au cul, ça fait pas très politiquement correct), mais à priori ça doit être soit de la compétence du Préfet local (donc une décision administrative) soit de celle d’un juge (transmise au préfet dans ce cas, qui de toute façon met en oeuvre « la mesure d’éloignement ») saisi d’une plainte. Merci Service-public.fr !! 🙂 Voilà, c’était mes questions chafouines. On verra bien ce qu’il en sortira une fois qu’une dose de journalistes seront venus mettre leurs gros sabots à clous dans les plates-bandes locales.

(Pour les fous furieux que cela intéresse : http://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do;jsessionid=EB003BBD4EB3ABAF8869231CE7F65CEA.tpdjo06v_3?cidTexte=LEGITEXT000006070158&dateTexte=20120928 . Livre V et sections suivantes. Merci, Légifrance.fr !!)

Cordialement (j’ai pas oublié le TESGC), Amadev.

(1) Attention : ceci n’est pas un cliché.J’aime bien jouer au tarot (et boire du pastis aussi ^^)

(2) Est-ce à dire que dans le cas d’un règlement non pacifique de la chose, elle aurait bougé ? Et dans quel but ? Pour séparer les belligérants éventuels (et par le fait expulser les Roms pour agression ?)

(3) Regardez Natacha Kampuch. 24 ans et aucune contravention !

(4) et si nos dignes représentants nationaux sont les plus méritants des membres de notre belle communauté nationale, je m’inquiète un peu à l’idée que Nadine M. Jean-François C. ou Gilbert C. puissent être compris dans cette acception qui me semble du coup un brin douteuse.

To be in or not ? Le problème Vert.

Enfer et damnation ! 

Rien ne va plus, l’apocralypse écologiste est sur nous, le 21 décembre en avance, l’élection de JFC avant l’heure, la mort d’Aragorn dans la Fraternité de l’Anneau. Imaginez un peu, le congrès national des Verts a décidé, par moult voix contre fort peu, de ne pas voter le fameux Traité Européen. HIIIIIIIII. Le tocsin sonne dans les campagnes, les loups sont entrés dans Paris, et pire, oui, PIRE !! Daniel Cohn-Bendit est parti du Parti tout rouge colère, même qu’il a claqué la porte bien fort en sortant ; c’est décidé, Dany-le-rouge n’a plus rien à faire dans ce parti, qui n’a plus qu’à se débrouiller sans lui, au moins jusqu’à ce que le dernier journaliste soit parti voir ailleurs.  

Plus fort que les caricatures de Charlie Hebdo (1), plus merliflue que les cancers liés aux OGM transgéniques qui brillent dans le noir, la politique interne d’Europe-Écologie Les Verts semble avoir plongé la classe politique et médiatique dans l’égarement le plus complet, l’argumentation s’articulant en substance comme suit : 1) hein ? Quoi ??! 2) ooohhh ! 3) haaaaan les ‘béciles !! Démission ! 

L’affaire est si grave que le Monde en personne s’est fendu d’un éditorial des plus comminatoire, très mode Dieu-le-Père, et très « fressnozien » dans l’esprit (2), en direction des vilains chenapans qui ne veulent même pas quitter le gouvernement. Par ailleurs, moult commentateurs autorisés ont faits les gros yeux à propos du « manque de cohérence » du parti écologiste, de son « impudence », et surtout, de la nécessité nécessaire pour Cécile Duflot de démissionner, et pour cause : d’ici qu’elle prenne un peu trop d’importance avec son ministère de fou (3)… pour résumer un peu la tendance éditoriale et politique des derniers jours, « les Verts sont quand même un peu des cons« . 

… 

En temps normal, je ne suis pas le dernier, loin de là, à me rallier à cette hypothèse des plus raisonnables. Mais pas cette fois. 

Que reproche-t-on au Parti écologiste ? Le refus des ministres de démissionner ? Son rejet du « Traité Européen » Son incohérence ? Son manque de flair politique ?

Ridicule. C’est se tromper grossièrement sur la nature et les buts profonds du parti vert pomme que de croire qu’ils agissent en dépit de leur bon sens. En fait, la stratégie des verts est particulièrement maligne. J’incline même à penser que dans leur position, c’est probablement la seule qu’ils pouvaient suivre. 

Spoilons mes bons ! 

Observons d’abord que les ministres verts au gouvernement n’ont aucun rapport visible avec la décision du congrès de leur parti de ne pas voter (au parlement) en faveur le traité européen ; EELV ayant pour le coup privilégié la voie militante plutôt que d’en passer par les arbitrages directs entre députés. Et je ne suis rien moins que certain qu’au Parti Socialiste, tous les politiques qui crient au scandale auraient pris un tel risque avec leurs propres militants ; je suis même très loin d’être convaincu que, si on lui posait la question, même de loin, le militant socialiste de base se montrerait aussi pressé de signer le traité que son député semble l’être à l’entendre.  

Évidemment, EELV a pris ce risque sciemment : je ne suis pas assez candide pour croire, la bouche en coeur, que les députés verts fraîchement élus se sont soudain mis à faire de la démocratie dans un cas aussi sensible parce que c’est écrit dans les statuts et que JV Placé est un grand amoureux du mandat impératif, là, d’un coup. C’est bien parce qu’ils avaient parfaitement anticipé le rejet qu’EELV a pris le risque : vox populi, vox dei, hein, désolé vieux, on aurait bien voulu voter avec vous, t’sais, mais les électeurs, hein, ce sont de grands enfants

Un coup parfaitement calibré : le Traité Européen, dont les implications, économiques, politiques, et idéologiques en font un cheval de Troie sans équivalent depuis la fin du Plan Marshall (mais en moins généreux), ne sera même pas débattu. Après tout, il ne s’agit que d’accepter quelque chose à peu prêt aussi contraignant qu’une modification constitutionnelle, il serait ballot, avouez, que le peuple, théoriquement vaguement souverain, ai le droit d’ouvrir sa gueule (on a bien vu ce que ça a donné en 2005) ou même d’avoir droit à une vague explication à propos de ce qu’est effectivement le TESGC (ça ne veut pas dire à vos souhait en tchèque…) et surtout ce qu’il implique. Toute ces petites choses, les français vont avoir la chance de les découvrir à la dure durant ces quatre prochaines années, et, à la prochaine échéance présidentielle, risquent fort d’avoir l’air un peu grognon une fois qu’ils se seront rendus compte qu’on leur a bien fait à l’envers. Politiquement, le TESGC, ça a tout du suicide politique assez crade d’ici quelques années. Pour les Verts, qui entendent faire semblant d’être indépendants du PS (lol) et avoir un brevet de gauchisme toto, histoire de pas se faire bouffer par le Parti de Gauche, mieux vaut éviter d’y être relié, c’est bien compréhensible.

D’autant que de toute manière, le vote de la loi organique ne nécessite en fait pas le renfort des Verts (ouf) ; entre l’UMP, le Centre-Droit et le PS, il y a largement assez d’hommes d’appareil disciplinés pour voter largement la loi. En confirmant au passage aux yeux des Français qu’UMPS, il advint bien souvent qu’il y ait, pour le plus grand bonheur de JeanMarine. Notez bien que il n’y en serait pas allé de même avec le vote du budget qui transcrivera dans les faits les diktats du TESGC. Évidemment, pas question  d’une alliance naturelle entre la majorité et la minorité (on ne parlera pas d’opposition dans ce cas-là).. Heureusement, les Verts n’entendent pas du tout faire défaut au PS sur ce point là. Plus exactement, ils n’entendent absolument pas perdre leurs ministres : ils ont trahi dur et abandonné beaucoup de convictions pour en arriver là où ils sont, oh ! Courageux, mais pas téméraires, les Verts. 

Dans un prochain article, je vous parlerais entre deux rapports de stage des petites clauses taille 8 en bas du Traité qui ne doivent pas être si intéressantes que ça, vu que personne ou presque ne daigne en faire la mention. Un oubli malheureux j’en suis sûr. 🙂

Cordialement, 

Amadev (FR). 

(1) Où on doit un peu tirer la gueule. Si les seuls qui se mettent à baver de rage et à sauter sur place comme un poulpe affligé d’une rage de dent lorsqu’on fout Mahom’ à oilp en Une, c’est les politiques français (et Dany en tête, cet homme est un génie quand il s’agit de passer pour un flan, ne trouvez-vous pas ?), s’carrément plus du jeu. 

(2) C’est un peu comme se faire tabasser par un poisson rouge mort. Je sais pas si vous avez déjà expérimenté. 

(3) Le Ministère du Logement, tu peux just’ pas test’ tavu. 

La part des Anges

(The Angels’ share)

Il y a certains réalisateurs, c’est comme ça : on sait que l’on peut aller voir un de leurs films sans trop de risque parce que ça sera… eh bien, pas forcément génial, mais au moins très bien, parce que le talent du type est tel qu’il est quasiment impossible, à moins de le vouloir vraiment très très fort, qu’ils sortent un vrai navet, pas un de ces films tellement minables et nuls qu’ils atteindront fatalement la célébrité éternelle, comme Soldat Cyborg, mais plutôt de ceux qui ne méritent que de se faire kro’ par l’Odieux Connard, notre maître à tous.

Ils ne sont pas très nombreux, ces gens-là qui peuvent prétendre au génie : il y a Woody, Pedro Almodovar, Audiard, et puis le britannique, Ken Loach. Ah ! Ken Loach. Et puis son scénariste de malade, Paul Laverty – 1 génie + 1 génie ? Aie, des maths ! -. Anyway, j’vais pas vous prendre en traître : je suis un fan absolu de Loach, qui est pas loin d’être pour moi l’équivalent au cinéma de GRRM et de Rolf. Alors, quand j’ai appris que Kennie (oui, je l’appelle Kennie mais bon, j’ai téléchargé regardé tous ses films, alors hein ta bouche.) avait fait un nouveau film, et qu’en plus ça parlait d’écosse et d’alcool… Yiouhou !  Génial ! Faut dire que j’adore ça. L’Écosse, j’veux dire.

Le dernier film de Ken Loach est comme un verre de whisky ; puissant et ambré, à la fois rude et plaisant, avec une belle longueur en bouche, et des notes vives et puissantes de tourbe, de fumée, de bruyère et de rocaille, dans la brume épaisse des Highlands, où les moutons à tête noire broutent, où les monstres nagent dans les lochs (mot qui semble prouver une origine commune entre Lillois et Scots, et pas seulement parce que les hommes y portent souvent des vêtements féminins. « a’lôch’eud’byââire » est une locution courante au-dessus de Paris), bref, là où que je serais bien parti en vacances pendant deux semaines un jour.

Bref. Le film s’ouvre au coeur de l’Écosse – l’accent te met la puce à l’oreille -, dans la  banlieue de Glasgow, avec les ors rouges d’un tribunal de sa Grasseious Majesty, pourvue d’un juge à perruque (probablement pour cacher qu’il est roux, le perfide !) auquel on donne du My Lord dans un queen’s English qui fleure bon son Oxford. En face, des visages à la limite du Zolien, typique des fresques Loachistes ; des voix hésitantes au lourd et réjouissant accent écossais. Celui des petits thugs  (voyous) – Rhino, Mo, Jean-Patrick… – qui passent à la chaîne sans envergure, errant de peccadilles ineptes en vols pathétiques, et d’échecs en arrestations… et quels crimes (1) ! On rit dans ce tribunal des flagrants délits. Le simple énoncé des  »crimes » de la petite bande semble être une ode au courage sans faille des branques, jamais derniers pour faire, comme dirait Barthès, « une grosse connerie« , comme « envelopper la statue de la reine Victoria d’un drapeau écossais » ou faire preuve de lambinerie délictueuse… Sauf que l’un d’eux, Robbie – Robert, comme The Bruce – a pourtant frôlé la catastrophe ; une bagarre sous l’influence de la drogue a couté un œil à sa victime.

L’ombre de la prison rôde, le cycle infernal de la violence et de la haine de soi et des autres : le jeune homme se recroqueville sous ses cicatrices – visibles ou non. Il y a de la peur, de la violence, dans son regard d’enfant traqué.

De gauche à droite : Mo, kleptomane ratée dans le civil, Rhino, boulet officiel, Robbie, chef de bande, et Jean-Robert, vu que son surnom m’échappe.

Mais l’enfant a une compagne, Leonie, dont il va avoir un enfant dans quelques jours. Il évite la prison : pour lui et les autres, ça sera les travaux d’intérêt général. La suite est évidente, presque convenue : le jeune ‘’à la dérive’’ qui rencontre une belle âme (en l’occurrence, Harry, grand amateur d’orge distillé) qui l’amènera sur le chemin d’une certaine rédemption, au travers de la dégustation du breuvage écossais par excellence, celui qui se boit de préférence à 16 ans d’âge. Et le jeune Robbie, lui que l’on considère comme un éternel raté, de se découvrir soudain un talent : il a un palais et un nez d’exception pour le whisky, digne d’un  grand  »gaich », qui est à la liqueur calédoniénne ce que l’oenologue est au vin, capable de reconnaître la marque et l’âge (voire le chêne du fût) dans lequel a muri le précieux breuvage.

La grande maîtrise de Ken Loach apparaît clairement lorsqu’il s’empare d’un thème pourtant revisité mille fois, et qu’il le transcende (sans quand même le renouveller, faut pas trop en demander, l’exercice frise l’impossible) par son humour malicieux et ses scènes poignantes. On rit, on s’émeut, on vibre en communion avec cette bande de gentils loosers qui découvre le whisky et certaines des … disons… opportunités plus ou moins légales qu’un malt des plus rares et précieux peut offrir à qui est décidé. Nec plus ultra de la chose, on profite aussi un peu de (trop rares) paysages écossais – on aurait sacrément tort de se priver, car ce pays est magnifique.

En signant la Part des Anges, du nom donnée à cette petite partie de l’alcool qui s’évapore naturellement hors des fûts de fermentations pour se perdre dans les airs, Loach livre là un nouveau grand film, où le réalisme social du maître pétille de malice et d’humour, sans une trace de tristesse ou de désespoir. Un film à voir absolument, de préférence avec un bon scotch en main.

The Angels’ Share, Comédie dramatique (2) (1h41) de Ken Loach, avec Paul Brannigan, John Henshaw et Gary Maitland. En salle depuis le 27 juin.

(1) Ne pas voir The Angels’ Share en VO n’est pas qu’une faute de goût, c’est aussi le plus sûr moyen de perdre  la moitié du charme de ce film.

(2) n’ayez pas peur, il n’y a rien de dramatique dedans.

For the Blogue is dark – and full of terrors.

‘sup, gentil lecteur, gentille lectrice ? Moi perso, ça va : depuis deux semaines, ma respiration est beaucoup moins gênée par de vagues relents de gaz lacrymogènes, le poivre s’est retrouvé à sa place normale, c’est-à-dire sur mon steak, lequel d’ailleurs ne devient pas gris avec des tâches vertes (franchement suspectes) quand je le met à cuire, ce qui achève de prouver que je suis bel et bien retourné en Europe, qui plus est, en France. J’entre désormais dans les magasins le pas fier et l’air conquérant, sachant que le Monde me coûtera bien 1.50€ et que, merci, merci, par Thor, Odin et Freya (elle est cool, Freya), le prix indiqué sera le prix réel. Hahaha.

Pas de taxes ! Pas de pourboire ! Rendez-vous compte ! Les vrais prix ! Internet illimité !! Un gouvernement socialiste !!! Le décret du 31 mai 2011 annulé ! Un président que le monde entier nous envie, sauf les américains qui pensent que c’est un socialo-communiste ! Du pain ! Bons dieux, du VRAI pain ! Avec une croûte et de la mie ! Et du vin, du vrai vin qui se boit ! Avec de la bouffe qui se mange ! Et puis surtout, oui, surtout, oui, de la Culture ! OH OUI. Des films, du théâtre, de l’opéra !! HAN. Et en plus mon caisson de basse. Ach, c’est trop de bonheur. Sérieux, c’est inhumain de vivre à 7000 km de la plus proche blanquette de veau. Tu m’étonne que les Canadiens soient des malades frustrés qui parlent anglais et vénèrent une vieille. Dans l’avion pour la maison, la musique dans mes oreilles, ça envoyait du cliché.

Trenet, c’est notre Charlebois à nous, t’vois.

Mais que le Québec ne désespère pas, que l’on ne pleure pas le long du Saint-Laurent, de Gaspé à Rimouski, de Chicoutimi à Québec, et de Trois-Rivière au Saguenay-Lac-Saint-Jean, car, oui, un jour, je reviendrais, figure-toi, à Montréal (mais juste à Montréal, hein plus jamais que je met les pieds à Toronto de ma vie, c’est juré !). Allez, hop, encore un peu de cliché, les enfants ?

Mais bon, c’est pas tout ça, mais quand même, venons-en au propos de ce charmant article. Vois-tu, petit malin, c’est pas pour rien que Paris est la plus belle ville du Monde ever qui te met la misère à Rome et prend Venise et Berlin d’une seule main, c’est surtout parce qu’ici, tu as un cinéma par habitant, deux libraires d’occasion (ah, le prix unique du livre ! D’jack, je t’aime tu sais – Lang, hein, pas Daniels, je ne suis pas Pipo ^^), un Opéra pour dix mille et des théâtres comme s’il en pleuvait. Quelle meilleure occasion pour introduire ma nouvelle chronique régulière : les Snobinarderies culturelles d’Amadev ? 

Limite, c’est tout ce que j’ai trouvé pour continuer ce blog : non seulement le Québec, c’est difficile d’en parler maintenant que che suit revenu dans mon doux Paris, cité de rêve, de joie et de pintes de broue à huit euros (non, ça j’aime pas, vivement Lille), mais en plus question blog politique (enfin, stalino-politique), le gouvernement Ayrault est tristement dépourvu d’intérêt pour moi. La seule chose que je peux écrire, c’est euh, ben, okay, bravo, keep going. J’veux dire, même l’UMP, on sent bien que ça patauge question critique : à part le jean de Duflant (dont objectivement on se tamponne la nouille avec des pantoufles puissance dix), on voit que ça galère du coté de la cellule riposte. Petit bonus à François le Fillon, qui trouve le moyen de s’interroger sur l’éventuelle dégradation de la France… le jour où les taux à dix ans deviennent stable au meilleur taux depuis dix ans, c’est-à-dire depuis Jospin (1). Epic fail ! Éventuellement, je pourrais me gausser du Point et de l’Express, parce que depuis qu’Hollande est élu, les couv’ des journaux de la Réaction (2) sont juste priceless… Entre l’Express – UMP -(« Les Riches, comment vivent-ils sous la dictature socialisto-communiste ?« ) et le Point – The Economist en mal écrit – (« La France des Tire-aux-Flancs : Journalistes, Fonctionnaires, Étudiants et Professeurs« ), on s’amuse bien.

Soyons impartiaux : on peut aussi rigoler devant les articles joyeux du Nouvel Obs (PS) et de Marianne (Gauche républicaine, tendance Méluche), parce qu’on sent qu’ils ont un peu le même problème que moi : « Merde, c’est tout bon, qu’est-ce qu’on va bien pouvoir dire ?? ». D’ailleurs, Libé essaye de se faire critique, mais bon, c’est comme le « Scandale » Zemmour, tout est tellement beau dans le meilleur des mondes que ça ne marche juste pas, en fait. Bref. Du coup, j’annonce : on me savait déjà suspect de bien des choses, il est temps que je rajoute un crime aux autres, histoire qu’on arrête de me qualifier de « classe bourgeoise intellectuelle supérieure » (celle qui a le droit de garder sa tête avec Mélenchon, ce qui est heureux vu qu’elle forme 85% des troupes du Parti de Gauche.) pour enfin avoir le droit à l’insulte suprême, celle de l’Abominable Bobo du Onzième.

MOUHAHAHAHA.

(à suivre…)

Bien à toi, amie lectrice et à toi aussi, ami lecteur. Brace yourself : Kultur Rundschau ist kommst. 

(1) : Quand on conteste la force de Progrès, ça s’appelle comment ? ^^

(2) : Détail cocasse, savez-vous pourquoi la droite ne parle jamais de la période 1997-2002 ? Parce que jamais l’économie Française ne s’est mieux portée que pendant ces cinq ans. Rappelons qu’en moins de 3 ans, Lionel Jospin a ramené notre biau pays au niveau nécessaire pour entrer dans l’euro.

La Révolution perdue

La loi d’exception numéro 78 qui, par 68 voix contre 48, a été adoptée en session extraordinaire vendredi 18 mai marque dans cette crise à la fois une rupture et une continuité claire.

C’est une rupture, dans le sens où le gouvernement libéral franchit là un palier définitif ; en choisissant de sacrifier la démocratie au profit du maintien de « son » ordre, il condamne d’office toute reculade : pour le gouvernement comme pour le peuple, il ne reste qu’un seul choix, celui de vaincre ou périr. Les Libéraux contre la Société. Mais cette loi, c’est la marque d’une continuité logique, claire, prévisible, de la politique du Parti Libéral du Québec, au terme de trois mois de mépris. Par extension, la chose était prévisible : les gouvernements, qu’ils soient Canadiens ou Québécois, ont historiquement toujours été prompts en semblables cas à oublier Charte et Droits de l’Homme dans l’usage systématique des lois d’exceptions, c’est-à-dire de la répression pure, pour briser chacun des mouvements sociaux qui avaient pu s’avancer jusqu’à menacer leur domination. Des lois sur les Mesures de Guerre à la Grève des Infirmières de 1999, la coercition financière et la violence brute ont toujours été l’arme privilégiée d’un État qui ne reconnait de droit que les siens propre.

Rarement, toutefois, l’atteinte à la démocratie, et, partant, à l’ensemble de la société québécoise, aura été perçue avec autant d’acuité. Jamais peut-être dans l’histoire du Québec moderne n’avait-il encore été question de censurer jusqu’à Internet, d’en surveiller les moindres soubresauts, et d’y pénaliser sévèrement l’expression, en une sinistre imitations des pires dictatures de ce monde. Jamais encore le masque démocrate – qui ne se souvient de Line Beauchamps feue la ministre de l’Éducation, des Loisirs et du Sport s’exclamer « nous sommes les gardiens de la Démocratie » ? – n’avait été si aisément mis de coté, si nonchalamment renié par ceux-là même dont la tâche la plus sacrée aurait du en être la défense. Jamais jusque là n’avions inventé que le simple port d’un morceau de feutre écarlate à la boutonnière puisse valoir 5000$, qu’un groupe de onze jeunes dans une rue soit un trouble caractérisé à l’ordre publique (passible d’un an de prison), que les portes-paroles des associations étudiantes, au lieu de défendre ceux-ci, devraient plutôt leur interdire de parler, sous peine d’avoir à subir d’effroyables amendes de 125 000$. Jamais enfin la liberté d’expression n’avait été si froidement déniée à toute une partie du peuple, sous les applaudissements serviles de médias stipendiés, perroquets zombies répétant depuis trois mois la novlangue gouvernementale ; où « grève » devient « boycott », Manifestation émeute et manifestant casseur, protestation terrorisme et contestation attentat, démocratie répression. Si complète et si totale est la violation des principes mêmes les plus sacrés de la démocratie, que les prétendus garants de ceux-ci donnent tous pouvoirs, répressifs, judiciaires, législatifs, à un ministre de l’éducation devenu celui de la répression, au nom de l’Article 9 loi 78-2012 (1). Oh, il existe des règles, des recours, fédéraux notamment. Il n’y a aucun doute : la loi 78 sera annulée en définitive. Dans trois mois, dans un an. Qu’à cela ne tienne, pour Jean Charest et les siens, le triomphe sera consommé : les associations, coupables, trop coupables, auront été asphyxiées, siphonnées de leur argent -indispensable nerf de la guerre- par chaque regroupement de onze jeunes passant à moins de 50 mètres d’un « lieu d’enseignement » (2), par une Justice aux ordres et une police toute puissante ; l’ordre régnera à Montréal et les frais de scolarité seront bien payés. Le PLQ et son petit camarade PQ le savent bien, qui jouent la comédie du pouvoir. Oh, le PQ grognera un peu, pour la forme, mais, baste, cette hausse fait bien leurs affaires à eux aussi, il ne s’agira que d’amuser la galerie, d’épater le bon peuple.

Comme il le font depuis la Révolution tronquée, cette révolution tranquille qui commença comme l’aspiration irrésistible d’un peuple à se donner son propre destin, et finit comme un combat pour écrire Twilight en Français sur les murs de Montréal, la révolution sociale perdue en chemin, les Québécois oubliant que la lutte – ô combien nécessaire ! – pour la souveraineté ne pouvait pas pourtant faire l’impasse sur la lutte sociale. Sinon, à quoi bon vouloir un « modèle Québécois », quand on ne songeait qu’à copier-coller le modus-vivendi du voisin anglophone, mais arrosé de Boréale au lieu que de Rolling Rock ? De quel exception devait se targuer le Québec ? D’écrire libéralisme avec un -e ? Telle fut peut-être – sûrement – une des causes des échecs du souverainisme au référendum. Au-delà de la bataille – admirable, mille fois admirable on ne le répétera jamais assez – pour la langue, le pouvoir québécois est un Janus, une face regardant vers le souverainisme, l’autre soupirant pour le fédéralisme, mais communiant dans une même dogma ultra-libérale proche, si proche de celle d’outre-Outaouais. Comment s’en étonner lorsque que l’on sait que le Parti Québécois qui trusta -et truste encore- le créneau du souverainisme au dépens du Rassemblement pour l’Indépendance Nationale (RIN) rouge et noir était formé de déserteurs du PLQ ? Un pays qui ne veut avancer qu’une jambe ne bouge pas ; il tourne en rond, aveuglé par le miroir aux alouettes.

La Révolte étudiante qui gronde, ce rouge et ce noir qui bat dans les vieilles artères du Québec, qui arrache des cris de terreur aux retraités du Lac-Saint-Jean, c’est la Province qui se réveille, c’est le pays qui rouvre les yeux, ce sont les vieux fantômes – en cette veille de la Journée des Patriotes – oubliés qui s’ébranlent, les trahis du RIN et les abandonnés de la révolution tranquille, les toiles poussiéreuses du mythe des deux partis qui s’écroulent. Cette loi 78, c’est peut-être le choc nécessaire pour le vieux Peuple québécois de prendre conscience de lui-même à nouveau, de secouer les chaînes de Québecor et de TVA, et de descendre retrouver ses enfants écarlate dans la rue. Mépriser cette jeunesse, c’est mépriser le Québec, comme le font les Libéraux, qui pour le dire franchement, s’en câliss’. Ces jeunes – de tout âge et de tous horizon – qui font front ne sont pas contre, ils sont pour, pour leur pays, pour la liberté, pour la démocratie. Ces jeunes, c’est la chance du Québec. Leur tâche est immense, leur fardeau terrible. Ils sont ceux qui sont au sommet de la vague, sur la ligne de partage des eaux et de l’histoire ; de leurs actions, plus que jamais auparavant, dépendra l’avenir de la communauté québécoise, et elle aura une influence sur le monde entier. Qu’ils se couchent devant l’oppression, l’inacceptable, et c’est le Québec tout entier qui meurt à nouveau, dans ce coma végétatif fait de surconsommation et de lent recul de la loi 101 ; qu’au contraire ils se révoltent, entraînant leurs pères et leurs frères, et mères et soeurs, et caribous, et c’est la fin du monde. L’écroulement massif et complet d’un système corrompu qui ne tient que par la force de quelques enveloppes et de trois réseaux, que par la matraque et le bouclier. Cette révolte, c’est la possible deuxième naissance du Québec – un Québec libre, un Québec fier, un Québec démocratique.

La responsabilité est grande, la sagesse des jeunes du Québec à la hauteur de leur folie. Je crois en eux comme je crois au Québec, comme je crois qu’il ne peut se bâtir de pays sans une société juste, et qu’il ne pourra jamais y avoir de société juste au Québec sans pays. Le Québec peut terminer sa révolution. Il lui suffit d’avancer sur ses deux jambes.

Avec toute mon affection, from Montreal with love, Amadev (Qc)

(1) Article 9, loi 78 39-2012 : « La Ministre de l’Éducation, du Loisir et des Sports peut prendre toutes les mesures nécessaires, notamment prévoir les dispositions législatives et réglementaires qui ne s’appliquent pas et prévoir toute autre adaptation nécessaire aux dispositions de la présente Loi [78] ainsi qu’aux dispositions de toute autre loi et de ses textes d’applications 

[…]

Sauf pour les articles 15 et 20 de la Loi sur les Règlements, les sections III et IV de cette loi ne s’appliquent pas, le cas échéant, à une mesure prise par la ministre en vertu  du présent article » Inconcevable dans un état de droit.

La loi sur les Règlements (L.R.Q 18) se trouve ici : R18_1.HTM.

(2) : Question. Y-a-t-il plus de 50 mètres entre les quais du métro Berri-UQAM et l’UQAM ? Parce que vu le nombre de jeunes qui y passent chaque jour, rouge au coeur, la CLASSE doit déjà emprunter à 22%.

Article II : « Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression. »

Mes biens chers frères, mes biens chères soeurs… si nous sommes ici réunis en ce lieu, c’est pour honorer la mémoire de la Démocratie Québécoise, morte en ce triste jour du 18 mai 2012, au terme d’une longue agonie…

Alors, oui, la Démocratie Québécoise n’était pas parfaite – mais que celle qui n’a pas fait taire un journaliste génant, des soixante-huitards attardés, quelques militants faucheurs d’OGM lui jette la première pierre ! -, pourtant elle aura eu l’indéniable mérite de tâcher de déployer ses ailes, en dépit de la colonisation, des humiliations, du zombie couronné sur les billets de 20$, alors même que sa voisine la plus proche, la Démocratie Canadienne, fut retrouvée morte, abattue froidement de deux balles dans la nuque, au milieu d’un champ pétrolifère du nord de l’Alberta (1). 

Tournée quelle était vers l’infâme oppresseur d’outre-Outaouais, elle n’aura pas vu, ou pas cru, le cancer qui mûrissait en son sein, la bête cruelle et avide des servants les plus obtus de l’ultra-libéralisme le plus abscons. Et ce sont pourtant eux qui viennent si sauvagement de poignardé l’innocente, en toute discrétion, eux, les assassins qui vinrent dans la nuit, l’âme vile et le souffle court, rampant dans la Chambre Bleue, la loi 78 au clair, coeurs vides et masques bas (2), frappant à mort la Démocratie, qui ne devait pas tarder à périr des conséquences de ses blessures létales, comme un vulgaire étudiant sous les matraques de la Sécurité du Québec (3). 

Amen.

Et tandis que trépassait la démocratie sous les applaudissements des libéraux, passait la loi numéro 78. Loi scélérate ? Oui, mille oui, mais ne dites pas que c’est une loi fasciste. Ne dédouanez pas le libéralisme, ne lui permettez pas de s’esquiver, ne lui tendez pas cette perche. C’est trop facile. Non. Regardez de vos yeux : sa nature réelle est devant vous, là, visible. C’est lui, c’est lui le coupable, c’est lui l’assassin, nul autre. Pas d’idéologie derrière laquelle se cacher cette fois-ci : l’empereur est nu et nous voyons le sang sur sa peau.

Carré noir, espoir ?

Cette loi 78 n’est pas fasciste : elle est libérale. C’est la volonté du libéralisme, poussé dans ses derniers retranchements, rendu suicidaire comme le cheval que le feu qui l’encercle a rendu fou, et qui, prenant le mors aux dents, tout yeux tourneboulés et hennissements déments, fond de toute la vitesse de ses jambes se jeter de la falaise droit devant lui ! Oui, la volonté qui soutient, qui porte cette loi 78 indigne, infâme, inique, n’est rien d’autre que l’aboutissement logique de la raison libérale, le mépris enfin révélé au grand jour de tout ce qui n’est pas lui, la violence sans pitié dont il use, quand, dos au mur, il n’a plus que le choix entre se suicider ou déplaire aux grands capitaux qui veulent, oh, comme ils la veulent, cette université juteuse, pour la presser comme un citron, en aspirer toute la moelle, en vampiriser la substance, étendant leurs tentacules dans les dernières maigres alcôves de résistance !

Oui, regardez-les, regardez-les bien, ces libéraux qui se clamaient les gardiens de la démocratie, les empereurs du débats, les papes de la conciliation ! Regardez-les, les mains noires de leur forfait – les deux mains sur le coutelas ! -, cette bête immonde qui interdit les rassemblements, condamne d’office les manifestations, déclare émeute les groupes de plus de onze jeunes, criminalise la protestation, proscrit la liberté d’opinion, immole à son Moloch les derniers vestiges de la liberté d’expression qui avaient survécus au duel la Presse – le Devoir… c’est l’enfant du libéralisme fou que cette loi 78 qui diabolise le syndicalisme, détruit en direct le droit de grève, révéle un ministère de l’éducation doté des pleins pouvoirs de répression et d’exclusion, menaçant les professeurs, envoyant l’anti-émeute pour les forcer à donner des cours à des classes vides, cette loi, cette loi scélérate, infâme, qui tue la liberté des uns pour sauver le pouvoir corrompu des autres, cette loi qui fait – crime parmi les crimes – dire qu’il y a maintenant une honte d’être né au bord du Saint-Laurent, comme il y avait un poids sur la poitrine de Marianne au soir du 22 avril.

Honte ? Non, n’ayez pas honte, cette tâche n’est pas la vôtre, elle ne souille qu’un gouvernement corrompu, au bord du gouffre, qui dans sa démence, se voit Charest comme Néron, brûlant l’UQAM comme brûlait Rome à l’aube d’un nouveau siècle. Mais les braises qui brûlent le plus fort cette nuit, le feu qui, de plus en plus haut, de plus en plus fort, de plus en plus décidé, de plus en plus intrépide, se dresse face aux ténèbres quand la démocratie vacille et que le Québec tremble, c’est toi, c’est lui, c’est eux, ce sont tous ces gens, ces étudiants, ces jeunes du Québec qui sont là, eux qui refusent, eux qui crient, et qui hurlent, et qui remuent sous le fer, les matraques et le gaz, les coups, les injures, le mépris, la haine et la peur, eux qui crient NON à la folie, et eux qui crient OUI à la liberté, eux qui se lèvent face à la démence de l’ultra-libéralisme qui voit en tout une marchandise, eux qui brisent les outils du malheur, maudissent les maîtres de l’aveuglement, oui, cette marée immense, cette marée rouge et noire qui envahi les artères de Montréal, de Victoriaville et de Québec, qui soulève le joug, qui renverse les barrières de la bêtise et repousse la massue de l’ignorance ! Entendez-le ! Ce peuple qui  hurle : son rugissement de fureur est le pouls dans les veines de l’humanité, le cri de l’esclave qui jette ses chaînes au visage du bourreau, celui du condamné qui s’évade, celui de l’enfant qui naît ! Son visage, regardez-le, c’est celui de l’espoir – ce doit être celui de l’avenir. Vive eux ! Vive les Québécois, eux qui se lèvent tous enfin, et qui vont la reprendre à la fin, cette liberté qu’on a volé à leurs pères, qu’ils achèvent enfin cette Révolution dont les libéraux les ont spoliés trop longtemps !

Et en attendant ce jour-là, nous, nous serons tous Québécois.

Vive le Québec quand il est rouge !

Vive le Québec quand il est noir !

Et vive le Québec quand il est libre !

Article V

La Loi n’a le droit de défendre que les actions nuisibles à la Société. Tout ce qui n’est pas défendu par la Loi ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu’elle n’ordonne pas. 

loi78

Amadev(QC). Qui garde ses carrés rouges, quand bien même c’est interdit par la loi, et qui regarde la grande lueur se lever à l’Ouest. C’est beau, putain !

(1) : L’objectivité nous oblige néanmoins à préciser que la Démocratie Canadienne ayant beaucoup vécu à Toronto, la Gendarmerie Royale du Canada n’exclu  pas de privilégier la thèse du suicide à celle de l’accident bête. L’enquête suit son cours et reprendra dès que les constables auront fini de jouer les choeurs pour les bûcherons travestis et de pendre des francophones indépendantistes pour leur voler leurs terres.

(2) Curieux, pourtant, c’est à Québec que la Démocratie Québécoise nous a quitté…

(3) La Presse.ca, organe officiel du parti, nous informe qu’il s’agit « probablement » d’un coup des Blacks Blocs qui n’en manquent décidément pas une. Salauds de jeunes.

Asteur, c’est la chienlit au Québec

Si un jour un jury international avait à s’asseoir dans une pièce pour désigner officiellement cette fameuse « droite la plus bête du monde » qui resurgit par-ci par-là à chaque fois qu’une droite arrive au pouvoir, il aurait sans nul doute à considérer le gouvernement Québécois comme un concurrent des plus sérieux.

Depuis près de quatre mois, après onze semaines (en moyenne) d’une grève qui ne donne pas le moindre signe d’essouflement, le gouvernement libéral du Premier Ministre Jean Charest et de sa ministre de l’Éducation Line Beauchamp a enfin posé un geste en direction des étudiants grévistes. Ayant bien entendu leurs récriminations à l’encontre de la hausse de 75% des frais de scolarité, le gouvernement dans sa grande mansuétude accepte de revoir sa copie. En vertu de quoi, c’est décidé, la hausse des frais sera donc de 82%, et non 75% !!

A ce moment-là pour l’observateur, l’on ne peut qu’hésiter entre le rire, les larmes ou se taper la tête contre un mur tellement la connerie est considérable ; on peine à penser qu’il ne s’agisse pas là d’un plan machiavélique de la part du gouvernement, peut-être une façon détournée de provoquer la révolution au Québec ? Honnêtement, ça n’a pas autrement de môdit bon sens. J’essayais au début de comprendre une raison à l’action du gouvernement libéral, je veux dire, une raison pratique, une raison compréhensible justifiant 1) une augmentation aussi colossale des frais 2) le refus absolu de céder.

a) Concernant l’augmentation (et l’existence) de frais de scolarité :

– « L’Québec est à la traîne de tout l’Canada, et parle même pas des States, on n’a les frais les moins élevés de tout le Canada nos facs sont perraves : stu ben la preuve que la gratuité scolaire s’un truc de moron »

On reconnait bien là la délicieuse technique du benchmarking, qui consiste essentiellement à prendre quelque chose qui se casse la gueule à l’étranger pour l’imposer à un système qui marche bien chez nous, aussi aveuglément qu’un blaireau dans une garenne. Oui, mais curieusement, le gouvernement oublie très régulièrement de préciser que le Canada, les USA et le Québec sont tous trois largement au-dessus de la moyenne des frais d’inscriptions de l’OCDE ; c’est-à-dire qu’ils sont des anomalies comparé à leurs petits camarades : les Allemands, les Français, les Suédois et nombre d’autres ayant des frais frôlant ou atteignant la gratuité scolaire, et ce, sans disposer de colossales ressources pétrolières comme la Norvège (qui pratique la gratuité itiou) ou l’Alberta. Donc, en fait, c’est la gratuité scolaire qui est la norme et pas l’inverse.. A ce titre, prendre en exemple le système américain comme modèle à suivre en terme de frais de scolarité revient cruemment à prendre le modèle social chinois comme alpha et omega de la protection sociale. Ah, remarque, c’est pas ce que fais la droite en France ces temps-ci ? 

– « Faut ben que les jeunes payent pour leur diplôme, ça coûte tellement cher à l’état la gratuité scolaire ! »

Bon. Donc, rappelons que si la couverture en université du Québec est supérieure à celle du voisin Canadien, ce n’est pas l’opération du Saint Esprit qui en est la cause, mais la conséquence d’un rapport, le rapport Parent, qui pointa dans les temps post-Révolution Tranquille (où il est dyt que dans les Chrosniques de ce temps existoit un Estat Providence qui fournissoit toute choses et protections à son peuple) les dramatiques disparités de niveau d’instructions au sein de la société Québécoise (en gros, si tu n’habitait point à Québec ou à Montréal, mais plutôt vers Saguenay, tu avais de forte de chance que savoir parler aux orignaux soit ton seul diplôme). Il fallut donc lancer un vaste programme de construction d’universités, d’où l’apparition des fameuses Universités du Québec A Trucmuche (ou Universités du Peuple.). Pour aider à financer cet ambitieux et remarquable programme d’accès à l’enseignement supérieur, des frais de scolarité furent demandés. Ils étaient censés être temporaires, et devoir disparaitre au bout de vingt années. Malheureusement, la seule chose qui disparu au bout de vingt ans, ce furent les dirigeants du PQ « social » au profit des Libéraux. Les frais ne devaient pas tarder à connaître l’élégante courte exponentielle que l’on sait. L’on sait combien une année de cours coûte désormais en dollars à l’étudiant lambda : 4000$ (avec hausse à 75) en frais de scolarité, en baccalauréat, dans les 5700$ pour une maîtrise. Quoique puissent en dire mes amis de droite – qui attaquent de toute part, sentant probablement le navire conservateur couler sous leurs pattes -, c’est une lourde charge pour une famille, surtout si elle a plusieurs mioches et qu’elle considère normal qu’ils aient tous accès à l’éducation. Dire si ce sont de dangereux hippies… Mais pour le gouvernement québécois, selon ses propres calculs, cela coûterait en tout 750 millions de dollars annuels. Sur un budget que le Devoir estime être de 70 milliards, et le Journal de Montréal de 90 milliards. Soit entre 1 et 0,7% du budget total du Québec. Autrement dit une chiure de mouche, surtout comparé aux fortunes que l’état dépense pour attirer investisseurs (qui a dit « le copain paul desmarais » ?) et grosses entreprises dans le cadre du fameux Plan Nord. S’tu drôle !

Un coût qu’il est préférable de voir payé par l’impôt général dans l’intérêt même de l’avenir du pays (comment en 2012 un pays occidental peut ne pas comprendre que l’accès aux études supérieures est l’enjeu de la survie ?) plutôt que par l’endettement des étudiants, histoire qu’ils entrent pas sur le marché du travail avec 200 000 $ de dettes, comme un vulgaire étudiant US.

– « l’étudiant paye -cher- pour avoir de bons locaux/prof/cadre d’enseignement« .

Si par un bon « cadre d’enseignement« , on veut dire « pas de pauvres, Jean-Eudes, ou alors seulement quelques uns, ceux qui sont propres et qui savent dire merci, de préférence« , alors effectivement, selon le fameux théorème d’Éton, des frais d’inscriptions élevés sont toujours le meilleur moyen de rester entre Charles-Henri et Marie-Bénédicte (encore qu’au Québec ça ne veut rire dire, même les anarchistes s’appellent Louis-Philippe… ^^’). Pour ce qui est de la qualité d’enseignement, ma foi, c’est autre chose. Harvard représente probablement les frais les plus élevés du monde, tandis qu’à l’École Normale Supérieure, les étudiants triés sur le volet (par concours, non par payement -direct du moins, parce qu’on peut considérer qu’être à HIV consiste en une forme de paiement) sont payés (par l’état) pour y être. Deux écoles, deux pays, deux modèles. Je doute fortement que le business plan d’Harvard équivale ne serais-ce que de très loin à la qualité des cours délivrés par l’ENS. Certes, ce sont des extrêmes, mais par contre, il est depuis longtemps prouvé – par Pierre Bourdieu, dans les Héritiers – que des frais d’inscription/scolarité élevé agissent comme un important facteur d’élimination sociale, anéantissant de fait toute mobilité ou possibilité de méritocratie, et aboutit de fait à une stagnation intellectuelle et sociale, comme un marigot qui cuirait au soleil. Des frais élevés aboutissent à une consanguinité intellectuelle si vous préférez.

Pour résumer, les frais de scolarité élevés sont 1) une anomalie dans l’OCDE 2) non justifiés de manière budgétaire (puisqu’ils imposent une lourde charge aux particuliers mais à contrario ne représentent pas grand chose pour le gouvernement) 3) parfaitement contre productifs pour l’intérêt général.

On en déduit que, 1) soit le gouvernement veut sincérement une université plus performante, et dans cette optique, fait tout pour que ce soit l’inverse qui se produise (et il est donc très con) ou 2) veut détruire totalement l’université québécoise pour éviter que le peuple continue d’être plus instruit que la moule de bouchot de base. En effet, le peuple instruit tend à ne plus avaler si facilement la béquetée, à l’inverse du peuple con, lequel vote massivement Marine Le Pen.

Le peuple est coquinou au naturel. Si en plus il se met en tête de lire des bouquins, il risque de dépasser l’indignation -certes respectable mais néanmoins- de librarie de M. Hessel, pour passer à la manifestation. Et de là, la rue Gay-Lusac vous fait de grand signe des bras… même que le fait de réflechir de façon informée pourrait les laisser penser que le Québec n’est (plus ?) vraiment une vraie démocratie (1) ce qui pourrait (ensuite) le pousser à s’interroger sur des questions aussi gênantes (pour le sommeil de Jean Charest et de ses amis) que le bien fondé de la politique libérale, les problèmes de corruption, à quel point Quebecor mobile, Vidéotron et Canada Trust les prennent lourdement pour des vaches à lait, ou même l’intéressante idée de la République du Québec, laquelle se fait un peu attendre depuis que Champlain est venu se dégourdir les jambes dans le Bas Saint-Laurent.  Avouez que ça serait ballot. Alors, la chienlit, ça suffit.

Mais bon, cela dit, une fois posé, reste qu’il faut calmer les petits sauvageons qui se payent le luxe de squatter nos belles rues bien rectilignes -idée à la con, mais dites, et si cette manie de la rue bien droite avait été décidée dans l’Amérique du Nord pour des questions de paix sociale ? « Un ouvrier, ça manifeste moins quand c’est mort« , comme l’on disait à Chicago, certain 1er Mai, où l’on savait célébrer le Vrai Travail avec chaleur. C’était le bon temps, M. Sarkozy, c’était l’bon temps. Cela étant, la situation étant ce qu’elle est, le gouvernement a agit avec vigueur et détermination. Dans les premières semaines du conflit, les sauvageons n’étant « que » 100 000 dans les rues, par un silence écrasant de mépris sur le thème : « ce sont des petits clampins, pas représentatifs de la masse étudiante. De toute façon, nous, on a déjà fait la table de négociation, et ils ont été très clairs : on veut pas d’augmentation. Nous, on a dit « ok », et on a augmenté quand même. Franchement, de quoi ils se plaignent ? (cf. argumentaires développés ci-dessus) »

A 200 000 étudiants en grève (sur 340 000 environ), le gouvernement fait remarquer qu’ils ne sont pas représentatif des étu… bon, pas représentatifs de l’électorat Libéral. Voilà. Pis il envoie les flics parce que les étudiants c’est mieux quand c’est avec une barre de fer entre les deux yeux -par erreur-. Faque les étudiants c’est des jeunes font grève pour pas bosser par’ssque c’est des assistés communisss’ (j’appris d’ailleurs par M. Eric Duhaime, qui fait passer Le Boucher pour un socialiste grand teint que le Québec c’était l’URSS mais en pire). Dans le même temps, faute de journaux « de gôche » du style Libération ou l’Humanité (voire le Monde, pis qu’parait qu’c’est de gôche, vu qu’il dit qu’Sarkozy est tout perrave), les policiers se retrouvent contraint de tabasser des journalistes de droite -par erreur-, mais bon, le Journal de Montréal ment, le journal de Montréal est au gouvernement !   fait un travail aussi exhaustif que la couverture de la campagne de François Hollande par le Figaro mag, et affiche régulièrement des grandes photos couleur à base de jeunes hurlants et de rouge écarlate, à mi-chemin entre l’émeute des Partageux, la guerre civile et 1789. Doit faire flipper à mort chez les petits vieux dans les campagnes reculées du fin fond du Lac Saint-Jean…

Brr ! Pour niquer tous ces révolutionnaires, le gouvernement a tenté d’ouvrir les universités de force via le délicat système des injonctions, qui pose le principe suivant : si un individu veut aller en cours et que 800 autres ont voté en assemblée générale que les cours étaient suspendus, alors c’est l’individu qui a raison et les 800 qui ont tort. Suite à quoi, Line Beauchamps, ci-devant ministre de l’éducation, vient expliquer qu’elle est du coté des défenseurs de la démocratie… cause que bon, quand tu soutient 1 gars contre 800 en bafouant un vote, c’est clair, t’es une grosse fan de la démocratie.

Comme les coups de matraques, les injonctions n’ont pas vraiment marché : faut dire que les flics ont arrêté les professeurs qui refusaient de donner cours (à un péquenot) dans l’enceinte des universités.  La dimension sacro-sainte des enceintes universitaires remontant en Europe au Moyen-Age, j’avoue que j’ai eu du mal à me figurer qu’objectivement, ça ne provoque pas le moindre mouvement supplémentaire de protestation ici. Faut dire que bon, y a quatre jour, j’ai vu de mes yeux vu, quatre policiers de la police de Montréal (pas de police nationale, c’est les villes qui entretiennent des milices le service de sécurité…) tomber sur un manifestant tout ce qu’il y avait de plus pacifique, et comme celui-ci refusait de leur montrer ses papiers (je crois), le tabasser à coup de matraque. Y compris au sol, à coup de rangers dans la gueule. Oui, oui, au Québec. Voilà, voilà. En même temps, pourquoi se gêner ? Ils ne sont pas inquiétés après… Donc, bon, après ça, envoyer des miliciens gauler des profs dans les facs, hein, c’est pas si pire. Les syndicats de professeurs devraient quand même penser à faire leur boulot. ><« . Le conflit dure depuis trois mois, et ne cesse de se durcir. Surtout du coté des matraques, mais les étudiants sont incroyablement déterminés aussi – c’est admirable, exceptionnel d’abnégation.Là dessus, quand le gouvernement annonce qu’il augmente la hausse… ben, à ce niveau, c’est juste qu’il veut la guerre, c’est pas possible de l’expliquer autrement : la hausse ça ne leur apporte rien, la gratuité ne leur coûte pas grand-chose (même pas leur poste…)… donc objectivement, il n’y a pas de raisons crédible. A moins d’imaginer que Jean Charest est un agent double du Komintern pour provoquer la révolution au nez et à la barbe des Américains et des Canadiens. Si c’est le cas, chapeau…

"Nan, mais la plus grande manifestation de toute l'histoire du Québec, c'est un épiphénomène rhoo...."

Un peu attéré, mais toujours vôtre, Amadev.

(1) Vraie Démocratie : pays où le gouvernement en place (majoritaire à 30% des suffrages, LOL) décide du lieu et de la date des élections visant à sa propre reconduction, et où les réferendum sur l’indépendance ont lieu en corollaire des fameuses « lois sur les mesures de guerre » qui consistent essentiellement à veiller à ce que l’ordre règne à Montréal en mettant des chars d’assaut dans les rues. #BacharElAssadaimeça.

PS : Amis européens, on se trompe. On se trompe depuis des années ; le Canada, c’est pas un pays de bisounours. Pas du tout.